Faut-il garder son assurance vie en 2024 ? Décryptage et recommandations
L'assurance vie est le placement phare en France, il est recommandé par la quasi-totalité des acteurs du marché. Mais est-ce qu'elle vaut toujours le coup en 2024 ? Cette question trotte dans la tête de nombreux investisseurs. Pour répondre à cela, plongeons ensemble dans les détails.
Dans cet article :
- Qu'est-ce que l'assurance vie ?
- Quel avenir pour l'assurance vie en 2024 ?
- Quand faut-il arrêter une assurance vie ?
- Optimiser son assurance vie en 2024
Qu'est-ce que l'assurance vie ?
Vous savez probablement déjà ce qu'est une assurance vie mais un rappel sur le fonctionnement de ce type de contrat passé entre vous et votre assureur n'est jamais de trop.
Concrètement, le contrat d'assurance vie stipule qu'en échange de vos primes, l'assureur promet de payer un certain montant d'argent à une ou plusieurs personnes que vous désignez, en cas de vie ou de décès.
Il existe 3 formes principales d'assurance-vie : l'assurance vie en euros, en unités de compte et multisupports.
Quels sont les avantages de l'assurance vie ?
L'assurance-vie a une solide réputation pour 4 raisons :
- Fiscalité avantageuse
- Diversité de ses placements
- Rendements attrayants
- Transmission du patrimoine
Souscrire une assurance vie vous permet, au bout de 8 années de contrat, de voir votre PFL (Prélèvement Forfaitaire Libératoire) diminuer en fonction des versements et du capital investi. C'est une exonération d'impôts.
La diversité de ses placements réside dans la souplesse du contrat : il est possible de sélectionner les produits d'investissement que vous déposez sur le contrat, et ce, en fonction de votre profil d'investisseur et de votre appétence au risque.
Les rendements, bien qu'entièrement corrélés à la nature de vos placements, sont plutôt intéressants et rémunérateurs.
Enfin, dans un cadre de transmission du patrimoine et du capital, l'assurance vie vous permet de bénéficier de conditions fiscales avantageuses (une fois de plus liées à la date de souscription de votre contrat, sa nature... etc.)
Nous avons rédigé un article complet sur les avantages et inconvénients de l'assurance vie, n'hésitez pas à le consulter.
Quel avenir pour l'assurance vie ?
À court terme, sur le début d'année 2024, les contrats en fonds euros vont continuer à être valorisés, les taux de rendement atteignant les 3% annuel.
Cependant, dans plusieurs cas de figure, beaucoup de personnes peuvent constater une baisse de la valorisation de leur contrat.
Pourquoi mon assurance vie baisse en ce moment ?
Plusieurs facteurs expliquent les baisses constatées sur les contrats d'assurance vie, et bien que les avis divergent dans le détail, les experts s'accordent à dire que la situation économique actuelle est le facteur majeur.
Si vous êtes en contrat en unité de compte, l'explosion des taux d'intérêts met à mal les marchés financiers, notamment les entreprises qui ont besoin d'emprunter en continue pour financer leur croissance.
Si vous êtes en contrat en fonds euros, c'est la même histoire : cette hausse brutale des taux d'intérêts oblige les assureurs ayant émis leurs contrats obligataires à faible rendement (c'est à dire la majorité des contrats émis avant 2022) à les échanger contre de nouveaux contrats (puisque plus personne ne veut d'un contrat sous gestion en fond euros qui rémunère à 0,5% s'il est possible d'en obtenir un à 4% aujourd'hui), et ce changement de contrat se fait dans la douleur avec des pertes conséquentes à assumer du côté des compagnies d'assurance.
L'inflation qui grimpe est normalement positive pour les marchés et les contrats d'assurance vie reposant sur des contrats en unités de compte, cependant une inflation excessive comme on l'a connaît actuellement inquiète la plupart des acteurs des marchés et ralentit l'activité, par crainte d'une potentielle récession.
Tous ces facteurs cumulés font que les rendements de l'assurance-vie des épargnants sont mis à mal.
Cependant, pas de panique, il faut avant tout comprendre les causes et les potentiels des marchés et des entreprises avant de vouloir à tout prix se débarrasser de son contrat.
Les assurances vie vont-elles remonter en 2024 ?
Si le tableau peut paraître sombre, comme dans tout investissement, il y a toujours des opportunités à saisir si l'on sait où chercher.
Comme nous l'avons précisé, les assurances vie en fonds euros sont les contrats à privilégier, avec la hausse des taux d'intérêts menée par les banques centrales, ces contrats ont le vent en poupe et vous proposent de bons rendement pour une prise de risque limitée.
Concernant les assurances vie en unités de compte, il faudra attendre une reprise significative sur les marchés financiers, ce qui n'est pas à exclure sur 2024, si les taux d'intérêts commencent enfin à baisser.
Vous l'avez compris, il faudra opérer une gestion et un arbitrage sur votre contrat et passer d'un contrat majoritairement en fonds euros à un contrat en fonds en unités de compte pour profiter de la reprise des marchés.
Difficile d'établir des certitudes cependant sur le moment précis où il faudra opérer cet arbitrage, raison pour laquelle il est souvent conseillé d'avoir des contrats multi-supports ou vous avez à la fois des fonds euros et des unités de compte.
Si vous souhaitez en savoir plus découvrez notre article : combien rapporte une assurance vie ?
Le problème des contrats en fonds euros
Au-delà des performances que l'on peut tirer des analyses de court terme, il est bon de rappeler le fonctionnement d'un contrat en fonds euros et pourquoi ces types d'assurance vie vont être compliqués à conserver pour les épargnants.
Le contrat d'assurance vie en fonds euro n'est ni plus ni moins que l'émission d'une obligation d'état basée sur la monnaie que nous utilisons en Europe, à savoir l'euro.
Concrètement, en ouvrant ce contrat vous laissez vos euros à disposition de l'État français, qui va s'en servir pour investir dans le pays et l'économie. Il vous rendra cet argent moyennant un taux d'intérêt historiquement faible (entre 1 et 2%).
Le côté "sécuritaire" de ce placement est mis en avant par la nature de l'emprunteur : l'État. Littéralement en économie, il est coutume de dire qu'un État ne peut faire faillite, puisqu'il est l'entité qui frappe la monnaie (comprenez qui l'émet) ou qui est directement assisté par l'entité qui la frappe (à savoir la BCE).
Puisque l'État ne peut faire faillite, alors aucun problème, vous emprunteur vous remboursera forcément.
En théorie, c'est plutôt vrai, mais dans la pratique, nos états occidentaux d'Europe sont en faillite structurelle : le poids de la dette publique s'alourdit année après année, de moins en moins de richesses sont créées et le train de vie que la France adopte est beaucoup trop lourd comparé aux recettes qu'elle engrange.
Pour constater cela, il suffit de voir les emprunts que la France est obligé de contracter pour quasiment toutes ces dépenses : elle n'est pas capable de s'auto-financer à travers tous ses postes de revenus.
Il faut donc comprendre qu'en ayant un contrat en fonds euros, nous sommes certes en face d'un emprunteur privilégié qui peut être sauvé pendant très longtemps (par la BCE notamment) mais qui est factuellement dans l'incapacité de régler ses dettes et qui pourrait potentiellement faire défaut sur sa dette, incluant tous les contrats en fonds euros qu'elle doit honorer, détenu majoritairement par le peuple français.
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"Je dois garder mon assurance vie en 2024 ou pas?"
En premier lieu, et c'est logique, il faut vérifier la performance du placement.
Vous pouvez comparer la performance de votre assurance-vie par rapport à d'autres investissements, pour savoir quels sont les meilleurs placements du moment, il y a peut-être des investissements plus judicieux à prioriser en cette période compliquée.
À l'inverse, le rendement n'est peut-être pas si catastrophique que ça et le mettre en perspective avec les rendements d'autres investissements (bourse, SCPI...) vous permet de mesurer si c'est encore un investissement rentable.
Vous pouvez et devez surtout comparer la performance de votre assurance vie avec celle des années précédentes ! Le rendement cette année est faible, très bien, mais est-ce que comparé à d'autres mauvaises années il est pire ou mieux ? On ne peut pas surperformer chaque année et il est capital de comparer ce qui est comparable.
En prenant en compte que l'année 2023 n'a clairement pas été une année optimale pour se faire de l'argent avec des investissements passifs comme une assurance vie, il va être essentiel de vérifier cette donnée.
Dans tous les cas, comme avec chaque produit et contrat d’investissement, ne déposez que les euros et l’argent dont vous n’avez pas besoin dans l’immédiat et qui ne constituent pas votre épargne de secours.
SCPI, actions, immobilier ou obligations, tous ces supports entrent dans votre portefeuille uniquement lorsque vous avez mis de côté assez d’argent.
Les critères décisifs à prendre en compte
Avant de vous décider, posez-vous les bonnes questions :
- Quels sont mes objectifs financiers ?
- Est-ce que l'assurance vie peut m'offrir un meilleur rendement que l'immobilier, les actions ou les fonds d'investissement?
- Est-ce que les avantages de l'assurance vie (fiscalité notamment) n'ont plus d'intérêt pour moi ?
Soyez sûrs de répondre à toutes ces interrogations. Ne prenez pas en compte que l'aspect rendement, il est peut être mauvais à l'instant T mais retirer l'argent de votre assurance vie pourrait vous priver d'avantages indéniables qu'il serait dommage d'éliminer.
Enfin, jetez un oeil aux options de retrait et aux frais de gestion de votre contrat, car votre assureur risque fortement de vous faire payer des frais liés à la clôture de votre contrat
Optimiser son assurance-vie en 2024 : mode d'emploi
Si vous décidez de ne pas opter pour le rachat de votre contrat et de garder votre assurance vie en 2024, très bien mais ne vous reposez pas sur vos lauriers. L'objectif va être à présent de déterminer comment optimiser au maximum votre contrat.
Lorsqu'il s'agit d'optimisation fiscale pour un particulier en France, il y a toujours de nombreux facteurs à évaluer, dans le cas de l'assurance vie cela va concerner :
- La durée du contrat
- La clause bénéficiaire
- L'âge au versement des primes
- L'utilisation de la donation
- Le rachat partiel
La durée du contrat
C'est l'élément principal et l'avantage le plus connu : plus le contrat est conservé plus vous aurez des avantages fiscaux.
Il est possible de bénéficier d'un abattement annuel de 4 600 euros pour une personne seule et de 9 200 euros pour un couple sur les intérêts perçus.
Si vous décidez de conserver votre contrat, vérifiez à quel horizon vous pourrez obtenir cet avantage.
Clause bénéficiaire
Autre moyen d'optimisation : vous pouvez gérer la transmission de votre patrimoine en rédigeant soigneusement la clause bénéficiaire de votre contrat d'assurance vie.
Quel avantage fiscal ? Un gros ! Bien rédiger la clause bénéficiaire permet à votre capital de ne pas entrer dans la succession de votre patrimoine, ce capital bénéficie d'un allégement fiscal : les sommes versées après votre décès à vos bénéficiaires seront exonérées de droits de succession dans la limite de 152 500 euros par bénéficiaire.
Passé ce montant, l'imposition augmente et les sommes sont taxées à un taux de 20% jusqu'à 700 000 euros, puis à 31,25% au-delà.
Âge au versement des primes
Les primes versées avant votre 70 ème anniversaire bénéficient d'une fiscalité bien plus avantageuse en cas de transmission.
Comme pour la clause bénéficiaire : chaque bénéficiaire peut recevoir jusqu'à 152 500 euros sans avoir à payer de taxes.
Au-delà c'est également la même chose, les sommes sont taxées à un taux de 20% jusqu'à 700 000 euros, puis à 31,25% au-delà.
L'utilisation de la donation
C'est un optimisation plutôt à destination des personnes ayant des sommes importantes sur leur contrat d'assurance vie.
Tous les 15 ans, chaque bénéficiaire peut recevoir jusqu'à 100 000 euros exonéré d'impôts de la part du souscripteur du contrat. C'est un moyen simple de réduire l'impôt sur la succession.
Lire notre article : la donation de son vivant d'un bien immobilier avec usufruit
Le rachat partiel du contrat
Dernier levier à considérer : le rachat partiel de votre assurance vie.
Vous pouvez décider de reprendre une partie du capital investi, ce cas de figure peut être intéressant si vous estimez que le risque est trop élevé et qu'un rééquilibrage de votre portefeuille serait plus judicieux, ou si vous pensez pouvoir investir cet argent sur un placement avec un meilleur rendement par exemple.
La question de savoir s'il faut garder son assurance vie en 2024 dépend de nombreux facteurs. Vos objectifs, la performance de votre contrat et l'évolution de l'environnement économique sont autant d'éléments à prendre en compte. Un dernier point : si vous hésitez sur la décision à prendre, faites vous conseiller par un professionnel, qui saura vous orienter vers la meilleure solution pour savoir si vous devez garder votre assurance vie en 2024.
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